Communication donnée dans le cadre de la journée d’étude « Parure. Entre identité et transgression ». Elle était organisée par les étudiant-es du master Histoire, Civilisation et Patrimoine de l’université de Pau le vendredi 22 avril 2021.
Je vous laisse disponible mon introduction :
« Lorsqu’on consulte le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, on trouve dans la définition de « féminin-e » :
Correspondre à l’image physique, sexuelle, psychologique… que l’homme ou la société se fait de la femme et de la féminité
Pour être, ou pour paraître une femme, il faut donc respecter des règles. En effet, le genre est la conclusion d’une lecture attentive des attributs mobilisés par une personne pour verbaliser son identité sur sa propre personne. Ces expressions de genre ont pour rôle de traduire une supposée authenticité de la personne et de son genre. Dans notre société patriarcale, il semble impossible, ou du moins compliqué, d’échapper à la soumission à cette règle : nous sommes obligé-es d’être genré-es. Or, les travesti·e·s et les drags utilisent ces mêmes outils pour montrer la superficialité de la répartition binaire des genres, puisqu’iels tournent en dérision les codes féminins et masculins. En effet, comme l’a démontré l’anthropologue Margaret Mead, les expressions de genres et les rôles genrés dans la société ne renvoient à rien d’inné mais entièrement à des constructions sociales et à un système politique. L’identité féminine est facilement lisible puisque la société de consommation s’alliant avec le patriarcat poussent les femmes à travailler leur apparence bien plus que les hommes. Ce qui est demandé aux personnes assignées femmes ou hommes est de correspondre à une norme géographiquement et temporellement changeante. Dans une telle perspective, le travestissement vient questionner ces normes et cette vision du genre en donnant la possibilité de faire passer une identité fantasmée avant les caractéristiques biologiques et leur traduction culturelle. Pour cette communication nous nous intéresserons particulièrement à la pratique drag queen, c’est-à-dire l’incarnation d’un persona féminin par, généralement mais pas toujours, un artiste homme.
Dans un premier temps nous étudierons ce premier passage du vêtement à l’illusion, comment le tissu rend possible l’incarnation d’une autre personne, d’un autre genre. Il s’agira de comprendre quels attributs les artistes drags mettent en place pour entrer dans leur persona féminin. Si la vision binaire des genres et de ses représentations est majoritaire, il y a pourtant des écoles de drag, des mouvements esthétiques, qui viennent questionner cette obligation à entrer dans un féminin idéalisée et souvent sexualisée, nous verrons alors comme le maquillage fait naître un trouble dans le genre, pour reprendre l’expression de Judith Butler. Enfin, nous finirons par balayer ce que nous pouvons qualifier de post-gender, de créature, et ainsi comment les accessoires permettent de sortir de la notion même de genre afin d’ouvrir le champs des possibles et ainsi développer un univers hors du monde terrestre. »