Présentation du colloque :
Longtemps ignorée, pour ne pas dire méprisée, la question du déchet et de ses enjeux écologiques, économiques et politiques suscite aujourd’hui un intérêt croissant de la part des artistes contemporains. Le présent colloque se propose d’interroger la manière dont ces derniers, qu’ils soient photographes, plasticiens, peintres, sculpteurs, graveurs, écrivains ou musiciens, s’approprient – à l’ère du « Poubellocène » – les rebuts, détritus et objets délaissés de notre société de surconsommation dans leurs œuvres, pour leur conférer une nouvelle visibilité.
Programme : visible ici
Ma communication s’intitulait : « Entre glamour et déchet : construction d’une drag-queen« . En attendant le dépôt de mon texte sur HAL, je vous laisse mon introduction :
« Le travestissement a été policé tout au long du 19e siècle avec diverses lois interdisant cette pratique dans l’espace public, se joignant à une répression des dissident-es. Le 20e siècle se concentre sur la pathologisation, justifiant ainsi les mesures allant à son encontre. Dans les deux cas, le travestissement est considéré comme une expression de l’homosexualité, masculine dans un premier temps, puis féminine. Cette considération enferme le travestissement dans une vision sexualisante et hétérocentrée. Cette pratique permet d’incarner un personnage, généralement, un persona d’un autre genre que celui qui nous a été attribué à la naissance. Comme le dit Judith Butler, la figure du travesti est la preuve de la construction sociale du genre, puisqu’il est possible de le singer, il n’y a pas alors d’essence du genre. Nous pouvons à ce propos nous référer à Christine Détrez :
« La féminité ne renvoie pas au corps réel de la femme, mais au corps idéal, véhiculé par les représentations culturelles d’une société en général, d’un groupe en particulier »
A partir de cela nous comprenons quels sont les référentiels pris par les drag-queens. Pour la grande partie d’entre elles, elles essaient d’imiter au mieux le dit physique féminin en ayant recours à des mousses de rembourrages, des perruques, du maquillage et un contouring chargé, tout cela sont considérés comme des « technologies du genre » par Teresa de Lauretis. Les détracteurs et détractrices de cette pratique les décrivent comme des pâles copies de femmes, des imitations voire des contrefaçons. Ce dernier terme nous rappelle le monde de la mode et des décriées fausses signatures. On a derrière ces termes une vision péjorative, méprisante : les drag queens ne pourront jamais égaler les femmes, et la pseudo vérité du genre. Ainsi, dans une première partie nous verrons en quoi et comment les drag queens sont perçues comme des versions ratées de la féminité et donc des sortes de rebuts du genre. Ensuite nous poserons l’hypothèse du drag comme pratique-déchet de l’art contemporain pour finir par des études du concours RuPaul’s Drag Race et d’artistes drags françaises qui utilisent du seconde main et des déchets pour construire leur persona. »