Pour ce colloque international organisé par l’université de Tunis, mon intervention s’intitulait « Pratiques drag : des performances qui ne disent pas leur nom ? ».

« S’il reste difficile de s’entendre sur une définition précise des pratiques drags tant elles sont diverses selon les époques et les ères géographiques, nous tenterons de poser une définition plutôt consensuelle pour commencer à savoir que la pratique du drag se compose de photographies et de performances devant public, dans l’incarnation d’un persona, le plus souvent du genre opposé au leur. Nous verrons que la réalité est plus complexe et riche. Ces performances prennent lieu dans des espaces de vie en collectif, des bars ou des cabarets, et de façon plus ponctuelle dans des centres d’art ou dans le cadre d’expositions artistiques.
Avant très underground et communautaire, à présent plus mainstream, le drag a été médiatisé via le concours télévisé RuPaul’s Drag Race. Depuis que la saison 6 est arrivée sur Netflix tout le monde parle de drag, imagine et fantasme autour de l’identité de ces artistes. Artistes ? On ne sait pas. Personne ne s’accorde, que ce soit sur scène ou dans la communauté des chercheuses et chercheurs les avis sont divergeant-es : artistes performeurs, artistes des arts vivants, ou artistes de divertissement ? Les études commencent à se multiplier sur cette thématique, dans tous les domaines, anthropologie, histoire, sociologie, mais aussi histoire de l’art, et comment les décrire ?
Nous pouvons nous demander si ces performances scéniques s’inscrivent dans une des multiples
évolutions des happenings ? Comment les pratiques drags ré-interrogent et transgressent la
définition même de performance ? »